Alan Eglinton est né en Angleterre en 1980. Il est diplômé de l’ENSP d’Arles.

A travers l’interaction de photographies et d’écritures, ses projets explorent les thèmes de «home» et du déracinement. Son travail a été exposé à la Galerie Michèle Chomette, au Bal et au Magasin de Jouets.
En 2018, il exposera sa série « Yes, No, Maybe » à la Biennale de la Photographie de Mulhouse et son livre photo « Only The Fires Say » paraîtra aux Editions Poursuite.

Il vit actuellement en Ecosse.

L’ensemble du travail d’Alan Eglinton est réuni dans un ouvrage appelé « Only The Fires Say » aux Editions Poursuite.
On peut le représenter en tant que poème visuel, regroupant un ensemble d’archives personnelles produites entre 2006 et 2016.

« Only the fires say » propose par un enchaînement méthodique d’images, un récit visuel et perceptif.

Les assonances et les dissonances entre les impressions (chaud et froid, vide et plein, lent et rapide…) sont orchestrées par de subtiles transitions, grâce auxquelles chaque image est « lue » à la lumière de la trace laissée dans la mémoire par la précédente.

L’idée de combustion fait prologue dès la première image. Elle introduit ainsi un leitmotiv qui ne tardera pas à se déployer tout au long de l’ouvrage, le feu annonçant la fin d’une saison.


En photographie, il est courant de distinguer deux types d’œuvres : celles relevant du constat de la chose vue et celles procédant d’une mise en scène. La complexité de l’histoire du médium montre que cette séparation est loin d’être nette, et on sait que l’irruption du numérique a contribué à brouiller encore davantage une telle frontière.

Il reste incontestable que certains photographes, tels Alan Eglinton, se laissent assaillir par les perceptions ou les sensations, tandis que d’autres pratiquent la prise d’image comme la con rmation d’idées préconçues.

Mais le problème ne se situe pas exactement là. La question centrale est plutôt celle de la nature des préméditations mises en jeu. Car tout geste photographique, même le plus « spontané » en apparence, est le fruit d’une intention. Or certaines intentions sont conscientes, alors que d’autres sont semi-conscientes, voire complètement enfouies. En philosophie et en sciences cognitives, on sait s’intéresser à ce genre d’énigme : si je rattrape au vol, d’un mouvement ré exe, un objet qui va tomber sur le sol, mon geste est entièrement non-prémédité, et pourtant il est « rationnelle- ment » adapté à la situation.

Alan Eglinton fait partie de la longue lignée de ces photographes qui soumettent leur réactivité aux situations visuelles les plus disparates, puis construisent patiemment des récits à partir des images qui résultent de ces rencontres. Ainsi en va-t-il pour Only the res say. Il serait erroné de considérer son travail comme un simple jeu avec les générosités fantasques du hasard. Alan est un artiste parfaitement méthodique. Dans la sélection de ses images d’abord, tou- jours choisies avec rigueur au l de sa production, à la mesure de leur étrange solidité scénique ; dans l’art poétique du récit ensuite : loin d’être de simples restitutions de fragments de vie, ses déroulements visuels savamment compo- sés explorent avec une objectivité inattendue des capacités magnétiques d’enchaînements paradoxaux – comme s’il s’agissait d’observer des interactions entre les images elles-mêmes comme autant d’éléments chimiques.

Alan Eglinton regarde autour de lui avec brio et fait preuve d’une grande concentration dans l’arrangement de ses ensembles. On ne saurait être étonné de la façon dont sa culture littéraire se montre solidaire de son érudition pho- tographique et artistique. Dans Only the res say, les assonances et les dissonances entre les impressions (chaud et froid, vide et plein, lent et rapide…) sont orchestrées par de subtiles transitions. Chaque image est « lue » à la lumière de la trace laissée dans la mémoire par la précédente.

À titre d’exemple : dès la première image, l’idée de combus- tion fait prologue et introduit un leitmotiv qui ne tardera pas à se déployer ; puis les corps humains, parfois saisis dans d’étranges torsions, sont intercalés avec les formes de l’animalité.

À un autre moment, l’image de deux jeunes femmes vêtues de noir dans une rue (des sœurs ?) succède immédiatement à celle de deux arbustes « jumeaux » ; or ce n’est pas seulement le couplage des deux éléments qui se répète, mais aussi la forme du vide intermédiaire qui les sépare.

Mais la séquence dans son ensemble est aussi organisée en une scansion démarcative par les images de feux en couleur, qui séparent les chapitres avec une sorte de désinvolture tout aussi rêveuse. Elles con rment que la rigueur de l’ouvrage n’est pas de nature conceptuelle, ni d’ailleurs de nature formelle – sauf à considérer que l’abstraction pure et l’intuition plastique peuvent coopérer à la construction d’un objet poétique. Comme si l’attention ottante qui livre passage à ces images chez le photographe en alerte, était pour lui une occasion d’exercer son intelligence.

Arnaud Claass

 

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