Nicolas Havette & Jean-Christian Bourcard

FORTUNES, tentative d’épuisement…

Nicolas Havette développe le projet FORTUNES depuis 2016.
A l’occasion de l’exposition à la galerie Madé, il invite Jean-Christian Bourcart à une collaboration performative en hommage au livre « tentative d’épuisement d’un lieu parisien » de Georges Perec. Tous deux ont sillonné les rues qui entourent la galerie en y prélevant des regards, des gestes, des formes inhérent à ce quartier chargé d’histoire et de mythologies.
Une fois les images récoltées et projetées à l’intérieur de la galerie, les différentes couches de réalités s’y sont mélangées laissant sur les murs des histoires, des rêves, des images encrées dans le quartier de Saint-Germain.

Fortunes tentative d’épuisements…
FORTUNES c’est la poésie du documentaire,
FORTUNES c’est la beauté de l’usage du monde,
FORTUNES c’est je ne vois que ce à quoi je crois,
FORTUNES c’est un hommage à Desnos,
FORTUNES c’est parce qu’on a toujours voulu dessiner sur les murs,
FORTUNES c’est du dessin, ou bien de la photographie, ou bien de la performance,ou bien rien du tout ou ce que vous voulez…
«Tentative d’épuisement» c’est parce que Madé parce que Saint-Germain et parce que Pérec.

Come, dit l’Anglais à l’Anglais, et l’Anglais vient.
Côme, dit le chef de gare, et le voyageur qui vient dans cette ville 
descend du train sa valise à la main.
Come, dit l’autre, et il mange.
Comme, je dis comme et tout se métamorphose, le marbre en eau, 
le ciel en orange, le vin en plaine, le fil en six, le cœur en peine, la peur en seine.
Mais si l’Anglais dit as, c’est à son tour de voir le monde changer de forme à sa convenance.
Et moi je ne vois plus qu’un signe unique sur une carte
L’as de cœur si c’est en février,
L’as de carreau et l’as de trèfle, misère en Flandre,
L’as de pique aux mains des aventuriers.
Et si cela me plaît à moi de vous dire machin,
Pot à eau, mousseline et potiron.
Que l’Anglais dise machin,
Que machin dise le chef de gare,
Machin. dise l’autre,
Et moi aussi.
Machin.
Et même machin chose.
Il est vrai que vous vous en foutez
Que vous ne comprenez pas la raison de ce poème.
Moi non plus d’ailleurs.
Poème, je vous demande un peu ?
Poème ? je vous demande un peu de confiture,
Encore un peu de gigot,
Encore un petit verre de vin
Pour nous mettre en train…
Poème, je ne vous demande pas l’heure qu’il est.
Poème, je ne vous demande pas si votre beau-père est poilu comme un sapeur.
Poème, je vous demande un peu… ?
Poème, je ne vous demande pas l’aumône,
Je vous la fais.
Poème, je ne vous demande pas l’heure qu’il est,
Je vous la donne.
Poème, je ne vous demande pas si vous allez bien,
Cela se devine.
Poème, poème, je vous demande un peu…
Je vous demande un peu d’or pour être heureux avec celle que j’aime.

Robert Desnos

Communiqué de presse